Born in Mulhouse (France) 1938

Studied at the Fine Art Academy in Antwerp (Belgium)

Lives in Tel Aviv, Israel since 1962

 

Works of small dimensions,
an accumulation of cosmic fragments
light and earth, flora and fauna
all combining into a powerful vibrating silence and clarity
impelling the eye to peer beyond them.
A constant tension-between the personal experience and the universal,
a fragile balance between the temporal and the eternal,
becoming and dissipating, growing and perishing.
These works of infinite depth and endless spaciousness
deal with states and their innumerable elements
integrating and disintegrating simultaneously.
Like deciphering a secret code -
continuous struggle between the disclosed and what remains elusive,
and above all - a tenacity to penetrate and touch rock bottom.
This is not abstract -
but a lengthy process of crystallization towards the essential,
revealing a forceful vision of clarity and simplicity.

Raoul Linton

 

Irith Bloch – Œuvres sur papier

(…) Sous l'aspect parfois délicat des couches de papier, de fil de laine ou de coton, collés les uns sur les autres, se cache un travail tenace, méticuleux, en constante recherche. Ce travail évoque la mémoire secrète, inconsciente, un trait d'union entre le passé et l'œil d'aujourd'hui. (…)
Entité de matière surprenante parfois comme cette laine, rouge et bleue qui sortirait tout droit d'une expérience chimique. Ou, ces fleurs de coton, réagencées, dont un fil de couleur vient souligner, au milieu de cette traînée de poudre blanche, l'évidence de l'imperfection, l'altération, le bousculement de la vie et des émotions.
(…) Savoir déceler dans cette fugitive évocation un corps à corps avec la matière, une réactualisation constante des émotions, un travail en profondeur sur la forme exacte d'un souvenir, un ajustement sensible des couleurs, fruit de la pensée et de la vérité intérieure de l'artiste. (…)
S'étonner peut-être de la persévérance du travail, de ce fil intérieur qui ne cesse de s'étendre, des années à bâtir, pièce après pièce, une œuvre en apparence fragile, fugace. Construite au long des années, en accord avec le temps qui passe, témoin du rapport constant de l'artiste avec la vie, la matière, les éléments. L'œil voit ainsi révélé au-delà de la simplicité limpide d'une surface un enchevêtrement de trajets et d'émotions, le signe d'une emprise indéfectible sur la vie. (…)

David Kanner

Un tout, presque rien
Œuvres sur fil et écritures - Irith Bloch

Par David Kanner

C'est parfois anodin. Un tracé de fils sur une page blanche. La feuille trouée par le fil d'or, les mots griffonnés, l'écriture resserrée, vagabonde, des signes tous petits, infimes, puis une échappée, quelque part en dehors du cadre, comme pour respirer, pour trouver une autre voie, une direction inédite. Un élan?
Ou alors, une broderie. La pensée qui s'arrête sur une histoire, essaie de déchiffrer un sens, une image: là, les fils entrelacés, le corset, l'ouverture tout en bas, le blanc immaculé, la dentelle, une robe, un habit, un revêtement?
Mais il s'agit peut-être plus d'un travail avec la matière, d'un essai sans cesse renouvelé, rabâché, d'une tentative d'approcher quelque chose, quelqu'un, un objet, une personne, un état.
D'intervenir au fond des choses à travers des petits riens. Des papiers qui s'envolent, se détachent dans les coins, se perdent, rabroués, d'incidences avec la matière, s'exposent au regard des fils couleur or, rouge, argent, cuivre. Une insistance à traiter le blanc, le noir, à suivre les répétitions, à prendre, à laisser de côté, à rattraper.
On fabrique, les choses s'amoncellent, comme les souvenirs, un détour par le passé, il reste une boule, recouverte d'une autre épaisseur, transparente, presque invisible, compacte.
Il ne faut pas dire, ne pas lire, bien entendu, ce qui est écrit. Il n'y a rien. Comme les mots qui s'oublient, les choses qu'on a dites. Seuls restent les moments classés comme dans une armoire intérieure, mélangés les uns aux autres, pénétrant en soi, indélébiles. Se remémorer au fond les choses. Décrire ces instants. On ne dira rien. C'est oublié.
C'est sûr. Tant et si bien, que ceux-là, restés au fond de l'océan, refont surface telle une mer d'encre, noire de jet, le blanc déjà s'évapore, rattrapé par les pensées, les mots et les gestes. On dirait une planète. Tout est là, les strates et les roches, les épaisseurs, à la source, le sang qui coule dans les veines.
Ah bien sûr, c'est froissé.
C'est tiré vers le centre.
Ajusté.
On pourrait presque toucher, pour voir, comment cela fait au doigt, comme lorsque l'on caresse une tapisserie ancienne, et éprouver ensuite sur sa peau le dessin, une protection, les cercles du crayon tracés à même la chair.

Dans un coin, sûrement, encore, il y a la place pour ce carré rouge, cette boule de feu, cette tâche verte, ce ballon bleu, ce goudron noir, cet épuisement des sens et des mots, un prolongement, une histoire pour finalement raconter l'essentiel, ce qui ne se dit pas.